Plus de 360 millions de chrétiens sont fortement persécutés dans le monde. Les arrestations arbitraires de chrétiens et le nombre d'églises ciblées augmentent de manière spectaculaire.
Ce sont surtout les chrétiens en position d'autorité qui sont visés et menacés, arrêtés ou assassinés. Une grande partie des populations des pays du classement de l'Index manifeste une attitude hostile à l'encontre des chrétiens. Que ce soit dans la vie quotidienne, au travail, dans la possibilité de vivre librement leur foi ou dans leurs rapports avec les autorités, ils sont victimes de discriminations et de persécutions massives.
Portes Ouvertes a réalisé son étude sur 150 pays en tout.
(cliquez ci-dessus pour connaître les pays les plus touchés)
23-01-2017
Question posée par Aurélie (8ans)
Cette question rejoint plus d'un adulte. Dans la bible, les psaumes portent cette même interrogation : "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné? J'appelle, pas de réponse" (Ps 21) Ou encore cette poignante exclamation : "Jusqu'à quand Seigneur m'oublieras-tu ? Regarde, réponds-moi mon Dieu !" (ps 12). Dieu serait-il muet, distrait ou pire, un brin sadique, pour nous laisser dans un tel silence ? Vertigineuse question... Mais savons-nous comment parler à Dieu ? Savons-nous entendre ce silence habité ? Saint Ignace de Loyola nous a mis sur la voie. On parle à Dieu "comme un ami parle à un ami". Les enfants aiment bien cette idée que Dieu est un ami à qui on peut confier ses peines ou lui demander de les aider quand ils se sentent tristes. Mais que leur dire quand ils constatent que leurs demandes restent sans réponses ? Comment leur expliquer que Dieu est là, mais qu'il ne nous répond pas avec des mots comme le ferait un ami "humain" ? Peut-être faut-il commencer par dire à l'enfant que si Dieu nous parle différemment, c'est pour nous inviter à un autre type de rencontre. Une rencontre plus intime. Il semble que Dieu s'adresse d'abord à nous par son silence; un silence qui nous incite à tendre l'oreille, à nous taire à notre tour. Et ce silence, loin du brouhaha de la télévision ou de l'ordinateur, nous permet de rassembler au fond du cœur nos sentiments les plus profonds. "Entendre Dieu" demande donc de se poser pour mieux écouter notre vie intérieure. Dieu nous "répond" aussi à travers les mots de la Bible; ces mots, transmis de génération en génération, que nous continuons d'interroger et de faire résonner en nous. De même, Dieu donne un visage à sa Parole : celui de Jésus qui nous trace un chemin pour rejoindre son Père. Enfin, on peut dire à l'enfant que Dieu nous répond (ou nous appelle !) par des petits signes qui passent par les autres. Ainsi, quand il console son petit camarade dans la cour d'école, Dieu n'est pas loin. Et quand il ressent une grande bouffée de tendresse pour son papa ou sa maman, Dieu est tout proche. Autrement dit, tout ce qui naît dans les relations entre les hommes est Parole de Dieu et réponse à nos paroles. L'enfant comprendra ainsi que Dieu se révèle dans certains de nos questionnements, élans, inspirations, au plus mystérieux de nous-mêmes. Comme le disait François Mourvillier, un des pionniers de l'éveil à la foi : "Si Dieu ne prend pas la parole, c'est aussi parce qu'il nous la confie, non pas comme un secret qu'il faudrait taire et garder précieusement, mais comme une semence à semer à tous les vents ".
Dieu a besoin de bouches pour parler, celles de prophètes, celles de saints, celles de chacun d'entre nous. Son silence nous rend libres.
La rédaction de "Pomme d'Api Soleil
La nouvelle version du Notre Père entrera en vigueur le 3 décembre 2017
premier dimanche de l'Avent.
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En quoi la prière du Notre Père va-t-elle changer ?
Le Notre Père, qui figure dans les évangiles selon saint Matthieu et saint Luc, est la seule prière que Jésus Christ a transmise à ses disciples. Elle est donc très importante pour l'ensemble des chrétiens. Dans le cadre de la traduction intégrale de la Bible en vue de la liturgie, le texte du Notre Père a fait l'objet d'une nouvelle traduction. Mais seule la sixième demande de cette prière ~ Et ne nous soumets pas à la tentation ~ a été modifiée. Elle devient :
Et ne nous laisse pas entrer en tentation
Cette nouvelle traduction met davantage l'accent sur la communion avec le Christ qui a connu la tentation. De fait, les Évangiles parlent de Jésus conduit par l'Esprit au désert pour y être tenté (Mt 4, 11)n ou du conseil qu'il donne à ses disciples à Gethsémani :
"Priez pour ne pas entrer en tentation" (Mt 26,41)
Demander au Père de ne pas nous laisser entrer en tentation c'est Lui demander la force de combattre et d'écarter complètement la tentation comme le Fils l'a fait.
Pourquoi cette nouvelle traduction du Notre Père ?
Dès la nouvelle traduction en français du Notre Père en 1966, un problème est apparu d'un point de vue théologique à propos de cette sixième demande : "Ne nous laissez pas succomber à la tentation" était devenu "Ne nous soumets pas à la tentation" . En fait, le verbe grec "eisphérô" (Mt 6,13) qui signifie littéralement "porter dans", "faire entrer", aurait dû être traduit par "Ne nous induis pas en tentation". Ce verbe exprime un mouvement vers un lieu où l'on pénètre.
La formulation de 1966 laissait supposer une certaine responsabilité de Dieu dans la tentation qui mène au péché, comme s'il pouvait être l'auteur du mal. Cette traduction prêtait à confusion et méritait donc un approfondissement théologique et une correction liturgique.
D'après Claire LESEGRETAIN
REDÉCOUVRIR LE NOTRE PÈRE
Depuis le 3 décembre dernier, nous découvrons la nouvelle traduction du Notre Père. Accueillons ce changement comme une incitation à nous réapproprier la prière du Seigneur. C'est l'occasion de
redécouvrir le Pater, non seulement comme une prière parfaite mais comme une véritable école de prière.
Entre !
Pour toi, quand tu pries, entre dans ta chambre. C'est ainsi que Jésus introduit le don du Notre Père. Le premier commandement de la prière est donc entre ! Entre dans ta chambre, c’est-à-dire en
toi-même. Entre en toi-même et reviens au Père. Alors, avec saint Augustin, tu découvriras que ce Dieu que tu cherchais dehors était en fait dedans, plus intime à toi-même que toi-même.
Ferme !
Ferme ta porte. Il ne suffit pas d'entrer dans sa chambre, il faut encore fermer la porte. Dans ce commandement se révèle la dimension ascétique de la prière. On ne récite pas le Pater
négligemment, dans les courants d'air de nos pensées. On se concentre sur les mots inouïs que l'on va dire. Et surtout, on prend conscience de celui à qui l'on s'adresse. Hélas, comme il est vrai
que trop souvent la porte reste entrebâillée lorsque nous prions, et que s'y infiltrent toutes sortes de sollicitations futiles bien étrangères à Dieu ! La porte qu'il faut tenir fermée, c'est
aussi notre bouche. Nous sommes si bavards ! La prière suppose d'abord de se taire, de "la fermer", comme on dit vulgairement. Il y a, en fait, beaucoup de portes à fermer pour vivre ce huis-clos
avec le Seigneur qu'est la prière. C'est au prix de toutes ces portes fermées en nous qu'enfin une Porte peut s'ouvrir dans les cieux (cf. Ap 4, 1).
Ne multiplie pas les paroles !
Au précepte de prier portes closes s'ajoute celui de ne pas rabâcher comme les païens. Certes, on peut "bâfrer" du Notre Père en le répétant sans attention et sans cœur comme une routine.
N'est-il pas tristement symptomatique que le mot "patenôtre" évoque spontanément une enfilade de paroles marmonnées machinalement ?
À l'inverse, on cite l'exemple édifiant de cette vachère qui ne savait venir à bout du Pater "car, disait-elle, lorsque je prononce ce mot, Père, et que je considère que celui qui
est là-haut est mon père… je pleure et je demeure tout le jour en cet état en gardant mes vaches".
La qualité de notre prière n'est certes pas en proportion de la qualité des mots prononcés ! Nous n'avons pas besoin d'inventer sans cesse des paroles nouvelles. Tout est déjà contenu dans les
quelques paroles du Notre Père, inutile d'en rajouter.
d'après la revue Magnificat
Ce que signifie participer au sacrifice de la Messe
Chers frères et sœurs, bonjour !
Nous commençons aujourd’hui une nouvelle série de catéchèses, qui portera le regard sur le cœur de l’Église, c’est-à-dire l’Eucharistie. Il est fondamental pour nous chrétiens de bien comprendre la valeur et la signification de la Messe, pour vivre toujours plus pleinement notre relation avec Dieu. Nous ne pouvons oublier le grand nombre de chrétiens qui, dans le monde entier, en deux mille ans d’histoire, ont résisté jusqu’à la mort pour défendre l’Eucharistie; et ceux qui, aujourd’hui encore, risquent leur vie pour participer à la Messe du dimanche.
En l’an 304, au cours des persécutions de Dioclétien, un groupe de chrétiens, d’Afrique du Nord, furent surpris alors qu’ils célébraient la Messe dans une maison et furent arrêtés. Le proconsul romain leur demanda, au cours de l’interrogatoire, pourquoi ils l’avaient fait, sachant que cela était absolument interdit. Et ils répondirent: «Nous ne pouvons pas vivre sans le dimanche», ce qui voulait dire: si nous ne pouvons pas célébrer l’Eucharistie, nous ne pouvons pas vivre, notre vie chrétienne mourrait.
En effet, Jésus dit à ses disciples: «Si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme et ne buvez son sang, vous n’aurez pas la vie en vous. Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour» (Jn 6, 53-54).
Ces chrétiens d’Afrique du Nord furent tués parce qu’ils célébraient l’Eucharistie. Ils ont laissé le témoignage que l’on peut renoncer à la vie terrestre pour l’Eucharistie, parce que celle-ci
nous donne la vie éternelle, en nous faisant participer à la victoire du Christ sur la mort. Un témoignage qui nous questionne tous et exige une réponse sur ce que signifie pour chacun de nous de
participer au sacrifice de la Messe et de nous approcher de la Table du Seigneur. Cherchons-nous cette source jaillissante d’eau vive pour la vie éternelle? Qui fait de notre vie un sacrifice
spirituel de louange et d’action de grâce et fait de nous un seul corps avec le Christ ? Tel est le sens le plus profond de la sainte Eucharistie, qui signifie «action de grâce»: action de grâce
à Dieu le Père, Fils et Saint-Esprit qui nous englobe et nous transforme dans sa communion d’amour. Au cours des prochaines catéchèses, je voudrais apporter une réponse à certaines questions
importantes sur l’Eucharistie et la Messe, pour redécouvrir, ou découvrir, comment à travers ce mystère de la foi resplendit l’amour de Dieu.
Le Concile Vatican II a été fortement animé par le désir de conduire les chrétiens à comprendre la grandeur de la foi et la beauté de la rencontre avec le Christ. Pour cette raison, il était
nécessaire avant tout de réaliser, sous la direction de l’Esprit Saint, un renouveau adapté de la liturgie, parce que l’Église vit constamment d’elle et se renouvelle grâce à elle. Un thème
central que les Pères conciliaires ont souligné est la formation liturgique des fidèles, indispensable pour un véritable renouveau. Et c’est précisément là également le but de ce cycle de
catéchèses que nous commençons aujourd’hui: croître dans la connaissance du grand don que Dieu nous a donné dans l’Eucharistie. L’Eucharistie est un événement merveilleux dans lequel Jésus
Christ, notre vie, se fait présent. Participer à la Messe signifie vivre encore une fois la passion et la mort rédemptrice du Seigneur. C’est une théophanie: le Seigneur se fait présent sur
l’autel pour être offert au Père pour le salut du monde .
Le Seigneur est là avec nous, présent. Souvent, nous allons là, nous regardons les choses, nous bavardons entre nous et le prêtre célèbre l’Eucharistie... et nous ne célébrons pas à ses côtés.
Mais c’est le Seigneur ! Si le président de la République ou une personne très importante dans le monde venait ici aujourd’hui, il est certain que nous serions tous près de lui, que nous
voudrions le saluer. Mais réfléchis: quand tu vas à la Messe, c’est le Seigneur qui est présent ! Et tu es distrait. C’est le Seigneur ! Nous devons penser à cela.
«Père, c’est que les Messes sont ennuyeuses» - «Mais que dis-tu, le Seigneur est ennuyeux ?» - «Non, non, pas la Messe, les prêtres» - «Ah, que les prêtres se convertissent, mais c’est le
Seigneur qui est présent !». Compris ? Ne l’oubliez pas. Participer à la Messe signifie vivre à nouveau la passion et la mort rédemptrice du Seigneur.
Essayons à présent de nous poser certaines questions simples. Par exemple, pourquoi fait-on le signe de la croix et l’acte de pénitence au début de la Messe ?
Et je voudrais ouvrir ici une autre parenthèse. Vous avez vu comment les enfants se font le signe de la croix ? On ne comprend pas ce qu’ils font, si c’est le signe de la croix ou un dessin. Ils
font comme cela [le Pape fait un geste confus]. Il faut enseigner aux enfants à bien faire le signe de la croix. C’est ainsi que commence la Messe, c’est ainsi que commence la vie, c’est ainsi
que commence la journée. Cela veut dire que nous sommes rachetés par la croix du Seigneur. Regardez les enfants et enseignez-leur à bien faire le signe de la croix. Et ces lectures, pendant la
Messe, pourquoi sont-elles là ? Pour-quoi lit-on trois lectures le dimanche et deux les autres jours. Pourquoi sont-elles là, que signifie la lecture de la Messe ? Pourquoi les lit-on et quel
rapport ont-elles avec la Messe ?
Ou encore, pourquoi à un certain moment, le prêtre qui préside la célébration dit-il: «Élevons nos cœurs ?». Il ne dit pas: «Élevons nos téléphones portables pour prendre une photo !». Non, c’est
une chose laide ! Et je vous dis que je trouve cela très triste quand je célèbre ici, sur la place, ou dans la basilique, et je vois tant de portables levés, pas seulement ceux des fidèles, mais
aussi de certains prêtres et également d’évêques. Mais tout de même ! La Messe n’est pas un spectacle: c’est aller à la rencontre de la passion et de la résurrection du Seigneur. C’est pourquoi
le prêtre dit: «Élevons nos cœurs». Qu’est-ce que cela veut dire ? Rappelez-vous: pas de téléphones portables.
Il est très important de revenir aux fondements, de redécouvrir ce qui est l’essentiel, à travers ce que l’on touche et ce que l’on voit dans la célébration des sacrements. La question de l’apôtre saint Thomas (cf. Jn 20, 25), de pouvoir voir et toucher les blessures des clous dans le corps de Jésus, est le désir de pouvoir d’une certaine façon «toucher Dieu» pour y croire. Ce que saint Thomas demande au Seigneur est ce dont nous avons tous besoin: le voir, et le toucher pour le reconnaître. Les sacrements répondent à cette exigence humaine. Les sacrements, et la célébration eucharistique de façon particulière, sont les signes de l’amour de Dieu, les voies privilégiées pour le rencontrer. Ainsi, à travers ces catéchèses que nous commençons aujourd’hui, je voudrais redécouvrir avec vous la beauté qui se cache dans la célébration eucharistique et qui, une fois dévoilée, donne tout son sens à la vie de chaque personne. Que la Vierge nous accompagne sur ce nouveau bout de chemin. Merci.
Pour comprendre la beauté de la célébration eucharistique, je désire tout d’abord commencer par un aspect très simple: la Messe est prière, elle est même la prière par excellence, la plus élevée,
la plus sublime, et dans le même temps la plus concrète. En effet, c’est la rencontre d’amour avec Dieu, à travers sa Parole, et le Corps et le Sang de Jésus. C’est une rencontre avec le
Seigneur. Mais nous devons tout d’abord répondre à une question. Qu’est vraiment la prière ? Elle est tout d’abord dialogue, relation personnelle avec Dieu. Et l’Homme a été créé comme être en
relation personnelle avec Dieu qui ne trouve sa pleine réalisation que dans la rencontre avec son Créateur. La route de la vie est dirigée vers la rencontre définitive avec le Seigneur.
Le Livre de la Genèse affirme que l’Homme a été créé à l’image et ressemblance de Dieu, qui est Père et Fils et Saint Esprit, une relation d’amour parfaite qui est unité. À partir de cela, nous
pouvons comprendre que nous avons tous été créés pour entrer dans une relation parfaite d’amour, en nous donnant et en nous recevant sans cesse, pour pouvoir ainsi trouver la plénitude de notre
être. Quand Moïse, face au buisson ardent, reçoit l’appel de Dieu, il lui demande quel est son nom. Et que répond Dieu ?: «Je suis celui qui est» (Ex 3, 14). Cette expression, dans son sens
originel, exprime présence et faveur, et en effet, Dieu ajoute immédiatement: «Le Seigneur, le Dieu de vos pères, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob» (v. 15).
Le Christ lui aussi, quand il appelle ses disciples, les appelle afin qu’ils soient avec Lui. Il s’agit donc de la plus grande grâce: pouvoir faire l’expérience que la Messe, l’Eucharistie est le
moment privilégié pour être avec Jésus, et, à travers Lui, avec Dieu et avec nos frères. Prier, comme tout véritable dialogue, est également savoir demeurer en silence (dans les dialogues il y a
des moments de silence), en silence avec Jésus. Quand nous allons à la Messe, nous arrivons peut-être cinq minutes à l’avance et nous commençons à bavarder avec celui qui est à côté de nous. Mais
ce n’est pas le moment de bavarder: c’est le moment du silence pour nous préparer au dialogue. C’est le moment de nous recueillir dans notre cœur pour nous préparer à la rencontre avec Jésus. Le
silence est si important !
Rappelez-vous ce que j’ai dit la semaine dernière: nous n’allons pas à un spectacle, nous allons à la rencontre du Seigneur, et le silence nous prépare et nous accompagne. Demeurer en silence
avec Jésus. Et du mystérieux silence de Jésus jaillit sa Parole qui retentit dans notre cœur. Jésus lui-même nous enseigne comment il est réellement possible d’être avec le Père, et il nous le
démontre par sa prière.
Les Évangiles nous montrent Jésus qui se retire dans des lieux apartés pour prier; les disciples, en voyant sa relation intime avec le Père, sentent le désir d’y participer, et ils lui demandent:
«Seigneur apprends-nous à prier» (Lc 11, 1). Jésus répond que la première chose nécessaire pour prier est de savoir dire «Père».
Soyons attentifs: si je ne suis pas capable de dire «Père» à Dieu, je ne suis pas capable de prier. Nous devons apprendre à dire «Père», c’est-à-dire à nous mettre en sa présence dans une
confiance filiale. Mais pour pouvoir apprendre, il faut humblement reconnaître que nous avons besoin d’être instruits, et dire avec simplicité: Seigneur, apprends-moi à prier. C’est le premier
point: être humbles, se reconnaître comme ses fils, reposer dans le Père, avoir confiance en Lui. Pour entrer dans le Royaume des cieux, il est nécessaire de devenir petits comme des enfants. À
savoir que les enfants savent avoir confiance, ils savent que quelqu’un se préoccupera pour eux, de ce qu’ils mangeront, de comment ils s’habilleront et ainsi de suite (cf. Mt 6, 25-32). C’est la
première attitude: confiance et confidence, comme un enfant à l’égard de ses parents; savoir que Dieu se rappelle de toi, prend soin de toi, de toi, de moi, de tous.
La deuxième prédisposition, elle aussi propre aux enfants, est de se laisser surprendre. L’enfant pose toujours mille questions parce qu’il désire découvrir le monde; et il s’émerveille même de
petites choses, car tout est nouveau pour lui. Pour entrer dans le Royaume des cieux, il faut se laisser émerveiller. Dans notre relation avec le Seigneur, dans la prière - je pose la question -
nous laissons-nous émerveiller ou pensons-nous que la prière signifie parler à Dieu comme le font les perroquets ? Non, c’est avoir confiance et ouvrir son cœur pour se laisser émerveiller. Nous
laissons-nous surprendre par Dieu qui est toujours le Dieu des surprises ? Car la rencontre avec le Seigneur est toujours une rencontre vivante, ce n’est pas une rencontre de musée. C’est une
rencontre vivante et nous allons à la Messe, pas au musée. Nous allons à une rencontre vivante avec le Seigneur.
Dans l’Évangile on parle d’un certain Nicodème (Jn 3, 1-21), un homme âgé, qui faisait autorité en Israël, qui se rend auprès de Jésus pour le connaître; et le Seigneur lui parle de la nécessité
de «renaître d’en haut» (cf. v. 3). Mais qu’est-ce que cela signifie ? Peut-on renaître ? Est-il possible de recommencer à éprouver du goût, de la joie, de l’émerveillement pour la vie, même
devant les si nombreuses tragédies ? Il s’agit d’une question fondamentale de notre foi, et cela est le désir de tout véritable croyant: le désir de renaître, la joie de recommencer.
Éprouvons-nous ce désir ? Chacun de nous a-t-il envie de toujours renaître pour rencontrer le Seigneur ? Éprouvez-vous ce désir en vous ? En effet, on peut facilement le perdre, car à cause de
tant d’activités, de nombreux projets à mettre en œuvre, il reste à la fin peu de temps et nous perdons de vue ce qui est fondamental: la vie de notre cœur, notre vie spirituelle, notre vie qui
est une rencontre avec le Seigneur dans la prière.
En vérité, le Seigneur nous surprend en nous montrant qu’Il nous aime également dans nos faiblesses. Jésus Christ «lui qui, par son sacrifice, obtient le pardon de nos péchés, non seulement les
nôtres, mais encore ceux du monde entier» (1 Jn 2, 2). Ce don, source de véritable consolation (le Seigneur nous pardonne toujours, c’est une véritable consolation) est un don qui nous est donné
à travers l’Eucharistie, ce banquet nuptial au cours duquel l’Époux rencontre notre fragilité.
Est-ce que je peux dire que lorsque je communie pendant la Messe, le Seigneur rencontre ma fragilité ? Oui ! Nous pouvons le dire parce que c’est vrai ! Le Seigneur rencontre notre fragilité pour nous ramener à notre premier appel: celui d’être à l’image et à la ressemblance de Dieu. Tel est le cadre de l’Eucharistie, telle est la prière.
François
15 novembre 2017
LA MESSE, C’EST COMME SI NOUS ALLIONS AU CALVAIRE
En poursuivant les catéchèses sur la messe, nous pouvons nous interroger: qu’est-ce que la messe ? La messe est le mémorial du mystère pascal du Christ. Elle nous rend participants de sa victoire
sur le péché et la mort, et donne sa pleine signification à notre vie. C’est pourquoi, pour comprendre la valeur de la messe, nous devons avant tout comprendre la signification biblique du
mémorial. Celui-ci "n’est pas seulement le souvenir des événements du passé", mais d’une certaine façon, elle les rend présents et actuels. C’est de cette manière qu'Israël comprend sa libération
d’Égypte: chaque fois que la Pâque est célébrée, les événements de l’Exode sont rendus présents à la mémoire des croyants afin qu’ils y conforment leur vie (Catéchisme de l’Église catholique,
n°1363).
Jésus Christ, par sa passion, sa mort, sa résurrection et son ascension a accompli la Pâque. La messe est le mémorial de sa Pâque, de son "exode", qu’il a accompli pour nous, pour nous faire
sortir de l’esclavage et nous introduire dans la terre promise de la vie éternelle. Ce n’est pas seulement un souvenir, non, c’est davantage: c’est rendre présent ce qui s’est produit alors.
L’Eucharistie nous conduit toujours au sommet de l’action du salut de Dieu: le Seigneur Jésus, se faisant pain rompu pour nous, déverse sur nous toute sa miséricorde et son amour, comme il l’a
fait sur la croix, afin de renouveler notre cœur, notre existence et notre manière d’être en relation avec lui et avec nos frères. Le Concile Vatican II affirme: "Toutes les fois que le sacrifice
de la croix par lequel le Christ notre pâque a été immolé se célèbre sur l’autel; l’œuvre de notre Rédemption s’effectue"
(Lumen gentium n° 3).
Chaque célébration de l’Eucharistie est un rayon de ce soleil, qui ne se couche jamais, qu’est Jésus ressuscité. Participer à la messe, en particulier le dimanche, signifie entrer dans la
victoire du Ressuscité, être illuminés par sa lumière, réchauffés par sa chaleur. À travers la célébration eucharistique, l’Esprit Saint nous rend participants de la vie divine qui est capable de
transfigurer tout notre être mortel. Et dans son passage de la mort à la vie, du temps à l’éternité, le Seigneur Jésus nous entraîne nous aussi -avec lui- à faire Pâques.
Pendant la messe, nous sommes avec Jésus, mort et ressuscité, et il nous entraîne de l'avant, vers la vie éternelle. À la messe, nous nous unissons à lui. Ou plutôt, le Christ vit en nous et nous
vivons en lui. "Avec le Christ, je suis crucifié, dit saint Paul. Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi. Ce que je vis aujourd’hui dans la chair, je le vis dans la
foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré lui-même pour moi" (Ga 2,19b-20).
Son sang, en effet, nous libère de la mort et de la peur de la mort. Il nous libère non seulement de la domination de la mort physique, mais de la mort spirituelle, qu’est le mal qui nous touche
chaque fois que nous tombons, victimes de notre péché ou de celui des autres. Alors notre vie est polluée, elle perd sa beauté, elle perd sa signification, elle se fane. En revanche, le Christ
nous redonne la vie; le Christ est la plénitude de la vie, et quand il a affronté la mort, il l’annihile pour toujours: "Par sa résurrection, il a détruit la mort et renouvelé la vie" (Prière
eucharistique IV). La Pâque du Christ est la victoire définitive sur la mort, parce qu’il a transformé sa mort en un suprême acte d’amour. Il est mort par amour ! Et dans l’Eucharistie, il veut
nous communiquer son amour pascal, victorieux. Si nous le recevons avec foi, nous aussi nous pouvons vraiment aimer Dieu et notre prochain, nous pouvons aimer comme il nous a aimés, en donnant sa
vie.
Si l’amour du Christ est en moi, je peux me donner pleinement à l’autre, dans la certitude intérieure que, même si l’autre devait me blesser, je ne mourrais pas; sinon, je devrais me défendre.
Les martyrs ont donné leur vie justement en raison de cette certitude de la victoire du Christ sur la mort. C’est seulement si nous faisons l’expérience de ce pouvoir du Christ, le pouvoir de son
amour, que nous sommes vraiment libres de nous donner sans peur. La messe, c’est cela: entrer dans cette passion, mort, résurrection et ascension de Jésus; quand nous allons à la messe, c’est
comme si nous allions au calvaire, c'est la même chose. Réfléchissez: si, au moment de la messe, nous allons au calvaire -pensons avec notre imagination- et si nous savons que cet homme-là, est
Jésus. Est-ce que nous nous permettrions de bavarder, de faire des photos, de faire un peu de spectacle ? Non ! Parce que c’est Jésus ! Nous resterions certainement en silence, en pleurs et aussi
dans la joie d’être sauvés.
Quand nous entrons dans une église pour célébrer la messe, pensons à cela: je suis au calvaire, où Jésus donne sa vie pour moi. Et ainsi, disparaissent le spectacle, les bavardages, les
commentaires et ce genre de choses qui nous éloignent de la messe qui est si belle, le triomphe de Jésus. Je pense que c’est maintenant plus clair que la Pâque se rend présente et opérante chaque
fois que nous célébrons la messe, c’est-à-dire le sens du mémorial. La participation à l’Eucharistie nous fait entrer dans le mystère pascal du Christ, nous donnant de passer avec lui de la mort
à la vie, c’est-à-dire là, au calvaire. La messe, c’est revivre le calvaire, ce n’est pas un spectacle.
François
22 novembre 2017
POURQUOI ALLER À LA MESSE LE DIMANCHE ?
La célébration dominicale est au centre de la vie de l’Église. Nous allons à la messe le dimanche pour rencontrer le Ressuscité, ou mieux, pour nous laisser rencontrer par Lui, pour écouter sa
parole, nous nourrir à son repas, et ainsi devenir l’Église, c’est-à-dire son Corps mystique vivant dans le monde. Dès la première heure, les disciples de Jésus l’ont compris, eux qui ont célébré
la rencontre eucharistique avec le Seigneur le jour de la semaine que les juifs appelaient "le premier de la semaine" et les romains "jour du soleil", parce que, ce jour-là, Jésus est ressuscité
des morts et est apparu aux disciples, parlant avec eux, mangeant avec eux et leur donnant l’Esprit Saint. Pour ces raisons, le dimanche est pour nous un jour saint, sanctifié par la célébration
eucharistique, présence vivante du Seigneur parmi nous et pour nous. C’est donc la messe qui fait que le dimanche est chrétien ! Le dimanche chrétien tourne autour de la messe. Quel dimanche cela
est-il, pour un chrétien, s'il manque la rencontre avec le Seigneur ?
Il y a des communautés chrétiennes qui, malheureusement, ne peuvent pas bénéficier de la messe chaque dimanche; toutefois, elles sont aussi, en ce jour, appelées à se recueillir dans la prière,
en écoutant la Parole de Dieu et gardant un vif désir de l’Eucharistie. Certaines sociétés sécularisées ont perdu le sens chrétien du dimanche illuminé par l’Eucharistie. C’est dommage, cela !
Dans ces contextes, il est nécessaire de raviver cette conscience pour retrouver la signification de la fête, de la joie, de la communauté paroissiale, de la solidarité et du repos qui restaure
l'esprit et le corps. De toutes ces valeurs, l’Eucharistie est maîtresse, dimanche après dimanche. C’est pourquoi le Concile Vatican II a voulu redire que "le dimanche est le jour de fête
primordial qui doit être proposé et inculqué aux fidèles, de sorte qu’il devienne aussi un jour de joie et de cessation du travail". L’abstention dominicale du travail n’existait pas dans les
premiers siècles: c’est un apport spécifique du christianisme. Pour la tradition biblique, les juifs se reposent le samedi, alors que, dans la société romaine, aucun jour d'abstention des tâches
serviles n’était prévu. C’est le sens chrétien de vivre en tant qu'enfants de Dieu et non en tant qu'esclaves, qui fit du dimanche le jour du repos. Sans le Christ, nous sommes condamnés à être
dominés par la fatigue du quotidien, avec ses préoccupations, et par la peur du lendemain. La rencontre dominicale avec le Seigneur nous donne la force de vivre l’aujourd’hui avec confiance et
courage, et d’avancer avec espérance. C’est pourquoi nous les chrétiens, nous allons rencontrer le Seigneur le dimanche, dans la célébration eucharistique. La communion eucharistique avec Jésus,
ressuscité, anticipe le dimanche sans crépuscule, quand il n’y aura plus ni fatigue, ni douleur, ni deuil, ni larmes, mais seulement la joie de vivre pleinement et pour toujours avec le
Christ.
La messe du dimanche nous parle aussi de ce repos bienheureux, nous enseignant, tout au long de la semaine, à nous confier dans les mains du Père qui est aux cieux. Que pouvons-nous répondre à
ceux qui disent que cela ne sert à rien d’aller à la messe parce que l’important est de vivre bien et d’aimer son prochain ? C’est vrai que la qualité de la vie chrétienne se mesure à la capacité
d’aimer, comme l’a dit Jésus: À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples: si vous avez de l’amour les uns pour les autres; mais comment pouvons-nous pratiquer l’Évangile sans puiser
l’énergie nécessaire pour le faire, un dimanche après l’autre, à la source inépuisable de l’Eucharistie ? Nous n’allons pas à la messe pour donner quelque chose à Dieu, mais pour recevoir de Lui
ce dont nous avons vraiment besoin. C'est ce que rappelle la préface commune n° IV:
Tu n’as pas besoin de notre louange, et pourtant c'est Toi qui nous inspire de te rendre grâce; nos chants n'ajoutent rien à ce que tu es mais ils nous rapprochent de Toi.
En conclusion, pourquoi aller à la messe le dimanche ? Il ne suffit pas de répondre que c’est un précepte de l’Église; cela aide à en préserver la valeur, mais cela seul ne suffit pas.
Nous, chrétiens, nous avons besoin de participer à la messe dominicale parce que ce n'est qu'avec la grâce de Jésus, avec sa présence vivante en nous, et parmi nous, que nous pouvons mettre en
pratique son commandement, et ainsi être ses témoins crédibles.
François
13 décembre 2017
LA CÉLÉBRATION DE LA MESSE
Aujourd’hui, je voudrais entrer dans le vif de la célébration de la messe. La messe est composée de deux parties: la liturgie de la Parole et la liturgie Eucharistique, si étroitement liées entre
elles qu’elles forment un unique acte de culte. Introduite par les rites préparatoires, la célébration est un unique corps et ne peut être séparée. Mais pour une meilleure compréhension, je
chercherai à expliquer ses divers moments, dont chacun est capable de toucher et de questionner une dimension de notre humanité. Il est nécessaire de connaître ces signes pour vivre pleinement la
messe et apprécier toute sa beauté. Quand le peuple est rassemblé, la célébration s’ouvre par les rites d’introduction. Ils comprennent:
a. l’entrée du célébrant,
b. la salutation "Le Seigneur soit avec vous",
c. l’acte pénitentiel "Je confesse à Dieu",
d. le "Kyrie eleison",
e. l’hymne "Gloire à Dieu" et
f. la prière d'ouverture.
On appelle aussi la prière d’ouverture "collecte". Non pas parce l’on fait la collecte des offrandes mais parce que c’est la collecte des intentions de prière de tous les peuples; et cette
collecte de l’intention des peuples monte aux cieux comme une prière. Le but de ces rites d’introduction est que les fidèles qui se réunissent réalisent une communion et se disposent à bien
entendre la Parole de Dieu et à célébrer dignement l’Eucharistie. Ce n’est pas une bonne habitude de regarder sa montre et de se dire: "j’arrive après le sermon et comme cela, j’accomplis le
précepte".
La messe commence par le signe de croix, et les rites d’introduction, parce que c’est là que nous commençons à adorer Dieu en communauté. C’est pourquoi il est important de ne pas arriver en
retard, mais au contraire à l’avance pour préparer son cœur à la célébration. Tandis que normalement, on chante le chant d’entrée, le prêtre et les autres ministres arrivent en procession au
chœur, et là ils saluent l’autel en s’inclinant et, en signe de vénération, ils l’embrassent, et parfois l’encense. Pourquoi ? Parce que l’autel est le Christ: c’est la figure du Christ. Ces
gestes qui risquent de passer inaperçus sont très significatifs parce qu’ils expriment que la messe est une rencontre d’amour avec le Christ qui, en offrant son corps sur la croix est à Lui seul
l’autel, la victime et le prêtre. L’autel, en effet, en tant que signe du Christ, est le centre de l’action de grâce -qui s’accomplit pleinement par l’Eucharistie- et de toute la communauté
autour de l’autel qui est le Christ... non pas pour se regarder les uns les autres mais pour regarder le Christ, parce que le Christ est au centre de la communauté, il n’est pas éloigné d'elle.
Ensuite, il y a le signe de la croix. Le prêtre qui préside le fait sur lui-même, et tous les membres de l’assemblée font de même, conscients que l’acte liturgique s’accomplit au nom du Père et
du Fils et du Saint Esprit. En nous marquant du signe de la croix, non seulement nous faisons mémoire de notre baptême, mais nous affirmons que la prière liturgique est la rencontre avec Dieu en
Jésus Christ qui, pour nous, s’est incarné, est mort sur la croix, et est ressuscité glorieux. Ensuite le prêtre prononce la salutation liturgique par l’expression: "Le Seigneur soit
avec vous", ou une autre semblable, et l’assemblée répond: "Et avec ton esprit". Nous sommes en dialogue; nous sommes au début de la messe, et nous devons
penser à la signification de tous ces gestes et paroles. Nous entrons dans une symphonie dans laquelle retentissent différentes tonalités de voix, y compris des temps de silence, en vue de créer
l’accord entre tous les participants, c’est-à-dire de nous reconnaître animés par un unique Esprit et pour un même but. En effet, cette salutation et la réponse du peuple manifestent le mystère
de l’Église rassemblée. On exprime ainsi la foi commune et le désir mutuel de rester avec le Seigneur et de vivre l’unité avec toute la communauté. C’est une symphonie priante qui se crée et qui
présente aussitôt un moment très touchant, parce que celui qui préside invite à se reconnaître pécheurs. Nous sommes tous pécheurs. Je ne sais pas, peut-être que l’un d’entre vous n’est pas un
pécheur… Si quelqu’un n’est pas pécheur, qu’il lève la main s’il vous plaît, comme cela nous le verrons tous. Mais il n’y a pas de mains levées, c'est bien: vous êtes de bonne foi ! Nous sommes
tous pécheurs; et c’est pourquoi nous demandons pardon au début de la messe. C’est l’acte pénitentiel. Il ne s’agit pas seulement de penser aux péchés commis, mais c’est beaucoup plus: c’est
l’invitation à se reconnaître pécheurs devant Dieu et devant la communauté, devant nos frères, avec humilité et sincérité, comme le publicain au temple. Si l’Eucharistie rend véritablement
présent le mystère pascal, à savoir le passage du Christ de la mort à la vie, alors la première chose que nous devons faire est de reconnaître quelles sont nos situations de mort pour pouvoir
ressusciter avec Lui à la vie nouvelle. Cela nous fait comprendre combien l’acte pénitentiel est important. Et c’est pourquoi nous reprendrons ce sujet dans la prochaine catéchèse.
François
20 décembre 2017
INVOQUER LA MISÉRICORDE DIVINE
En reprenant les catéchèses sur la célébration eucharistique, nous prenons aujourd’hui en considération l'acte pénitentiel. Dans sa sobriété, celui-ci favorise l’attitude par laquelle se disposer à célébrer dignement la messe, c’est-à-dire en reconnaissant que nous sommes pécheurs. En eff et, l’invitation du prêtre s’adresse à toute la communauté en prière, parce que nous sommes tous pécheurs. Que peut donner le Seigneur à celui qui a déjà le cœur rempli de lui-même, de son succès ? Rien, parce que le présomptueux est incapable de recevoir le pardon, rassasié comme il l’est de sa prétendue justice. Pensons à la parabole du pharisien et du publicain, où seul le publicain rentre chez lui justifié, c’est-à-dire pardonné. Celui qui est conscient de ses propres misères, et baisse les yeux avec humilité, sent se poser sur lui le regard miséricordieux de Dieu. Nous savons par expérience que seul celui qui sait reconnaître ses erreurs et demander pardon reçoit la compréhension et le pardon des autres. Écouter en silence la voix de la conscience permet de reconnaître que nos pensées sont éloignées des pensées divines, que nos paroles et nos actions sont souvent mondaines, c’est-à-dire qu’elles ne sont guidées que par des choix contraires à l’Évangile. C’est pourquoi, au début de la messe, nous accomplissons de manière communautaire l’acte pénitentiel par une formule de confession générale, prononcée à la première personne du singulier. Chacun confesse à Dieu et à ses frères d’avoir péché en pensée, en parole, par action et par omission. Oui, aussi par omission, c’est-à-dire d’avoir négligé de faire le bien que j’aurais pu faire. Nous nous sentons souvent de braves personnes parce que, disons-nous, "je n’ai fait de mal à personne". En réalité, il ne suffit pas de ne pas faire de mal à son prochain, il faut encore choisir de faire le bien, en saisissant les occasions pour témoigner que nous sommes disciples de Jésus. Il est bon de souligner que nous confessons aussi bien à Dieu qu’à nos frères que nous sommes pécheurs; cela nous aide à comprendre la dimension du péché qui, alors qu’il nous sépare de Dieu, nous divise également de nos frères et inversement. Le péché coupe, il coupe la relation avec Dieu et il coupe la relation avec nos frères, la relation dans la famille, dans la société, dans la communauté. Le péché coupe toujours, il sépare, il divise. Les mots que nous prononçons avec la bouche sont accompagnés par le geste de se frapper la poitrine, reconnaissant ainsi que j’ai péché par ma faute, et non par la faute des autres. Il arrive souvent, en effet, que par peur ou par honte, nous pointions le doigt pour accuser les autres. Cela coûte d’admettre d’être coupables, mais cela nous fait du bien de le confesser avec sincérité. Confesser ses propres péchés. Je me souviens d’une anecdote. Un missionnaire racontait à propos d’une femme qui est allée se confesser, qu'elle a commencé à dire les fautes de son mari; ensuite, elle a poursuivi en racontant les fautes de sa belle-mère, et ensuite les péchés de ses voisins. À un moment, le confesseur lui a dit: "Mais dites-moi, madame, vous avez fini avec les péchés des autres ? Maintenant, dites les vôtres". Dire ses propres péchés ! Après la confession du péché, nous supplions la Vierge Marie, les anges et tous les saints de prier le Seigneur pour nous. En cela aussi, la communion des saints est précieuse: c’est-à-dire que l’intercession de ces "frères" nous soutient sur le chemin vers la pleine communion avec Dieu. Outre le Je confesse à Dieu, on peut accomplir l’acte pénitentiel avec d’autres formules, par exemple: Seigneur, accorde-nous ton pardon, nous avons péché contre toi. Montre-nous ta miséricorde. et nous serons sauvés. Le dimanche, en particulier, on peut accomplir la bénédiction et l’aspersion de l’eau en mémoire du baptême. Il est aussi possible, comme partie de l’acte pénitentiel, de chanter le Kyrie Eleison. Avec une antique expression grecque, nous acclamons le Seigneur, le Kyrios, et nous implorons sa miséricorde. L’Écriture Sainte nous offre de lumineux exemples de figures "pénitentes" qui, en rentrant en elles après avoir commis le péché, trouvent le courage d’ôter leur masque et de s’ouvrir à la grâce qui renouvelle le cœur. Pensons au roi David et aux paroles qui lui sont attribuées dans le psaume 50: Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour, selon ta grande miséricorde, efface mon péché. Pensons au fils prodigue qui revient auprès de son père; ou à l’invocation du publicain: Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis ! Pensons également à saint Pierre, à Zachée, à la samaritaine. Se mesurer avec la fragilité de l’argile dont nous sommes façonnés est une expérience qui nous fortifie. Alors qu’elle nous place en face de notre faiblesse, elle ouvre notre cœur pour invoquer la Miséricorde Divine qui transforme et convertit. Et c’est cela que nous accomplissons dans l’acte pénitentiel au début de la messe.
François
3 janvier 2018
LA LITURGIE EST UNE ÉCOLE DE PRIÈRE
Dans le parcours de catéchèse sur la célébration eucharistique, nous avons vu que l’acte pénitentiel nous aide à nous dépouiller de nos prétentions, et à nous présenter devant Dieu tels que nous sommes réellement, conscients d’être pécheurs, dans l’espoir d’être pardonnés. C’est précisément de la rencontre entre la misère humaine et la Miséricorde Divine que prend vie la gratitude exprimée dans le Gloire à Dieu, une hymne très ancienne et vénérable par laquelle l’Église, rassemblée glorifie Dieu le Père et supplie l’Agneau. Le début de cette hymne Gloire à Dieu au plus haut des cieux reprend le chant des anges à la naissance de Jésus à Bethléem, joyeuse annonce de l'union entre ciel et terre. Ce chant nous touche nous aussi, rassemblés dans la prière: Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime. Après le Gloire à Dieu, ou en absence de celui-ci, aussitôt après l’acte pénitentiel, la prière prend une forme particulière dans l’oraison nommée “collecte”, par laquelle est exprimé le caractère propre de la célébration, variable selon les jours et les temps de l’année. Par l’invitation "Prions", le prêtre exhorte le peuple à se recueillir avec lui pendant un moment de silence, afin de prendre conscience d'être en présence de Dieu et de faire émerger, chacun dans son cœur, les intentions personnelles avec lesquelles il participe à la messe. Le prêtre dit "Prions", puis vient un moment de silence, et chacun pense à ce dont il a besoin, ce qu’il veut demander, dans la prière. Le silence ne se réduit pas à l’absence de parole, mais signifie à se disposer à écouter d’autres voix: celle de notre cœur et, surtout la voix de l’Esprit Saint. Dans la liturgie, la nature du silence sacré dépend du moment où il a lieu. Pendant l’acte pénitentiel et après l’invitation à la prière, chacun se recueille; après les lectures et l’homélie, c’est un rappel à méditer brièvement sur ce que l’on a écouté; après la communion, le silence permet la louange et favorise la prière intérieure. Par conséquent, avant l’oraison initiale, le silence aide à se recueillir et à penser à la raison pour laquelle nous sommes là. Peut-être venons-nous de connaître des jours de fatigue, de joie, de souffrance, et nous voulons le dire au Seigneur, invoquer son aide, lui demander d’être proche de nous; nous avons des proches et des amis malades, ou qui traversent des périodes difficiles, peut-être désirons-nous confier à Dieu l’Église et le monde. C’est à cela que sert le bref silence avant que le prêtre, recueillant les intentions de chacun, dise à haute voix à Dieu, au nom de tous, la prière commune qui conclut les rites d’introduction, en faisant justement la “collecte” de toutes les intentions individuelles. Je recommande vivement aux prêtres d’observer ce moment de silence et de ne pas se presser: "Prions" et que l'on fasse silence. Je recommande cela aux prêtres. Sans ce silence, nous risquons de négliger le recueillement. Le prêtre récite cette supplique, cette prière de collecte, les bras étendus dans l’attitude du priant, adoptée par les chrétiens depuis les premiers siècles pour imiter le Christ les bras ouverts sur le bois de la croix. Et là, le Christ est le priant et il est aussi la prière ! Ainsi, nous reconnaissons le prêtre qui offre à Dieu le culte qui lui plaît, c’est-à-dire l’obéissance filiale. Dans le rite romain, les oraisons sont concises mais riches de signification: on peut faire beaucoup de belles méditations sur ces oraisons. Très belles ! Revenir sur ces textes pour les méditer, même en dehors de la messe, peut nous aider à apprendre comment nous adresser à Dieu, quoi demander et quels mots employer. Puisse la liturgie devenir pour nous tous une véritable école de prière !
François
10 janvier 2018
DIEU PARLE A NOTRE CŒUR
Nous poursuivons nos catéchèses sur la messe; regardons maintenant la Liturgie de la Parole. C'est une partie constitutive de la messe, car si nous nous rassemblons c’est pour écouter ce que Dieu a fait et va faire pour nous. C’est une expérience que nous vivons en direct, et non par ouï-dire, car lors-qu´on lit dans l´Église la sainte Écriture, c´est Dieu lui-même qui parle à son peuple, et c´est le Christ, présent dans sa parole, qui annonce l’Évangile. Et pourtant, combien de fois, lors des lectures de la Parole de Dieu, nous nous laissons distraire: regarde celui-là… regarde celle-là… regarde le chapeau qu’elle porte… il est ridicule. Et on y va de ses petits commentaires, n’est-ce pas vrai ? Mais est-ce qu’on peut faire des commentaires pendant la lecture de la Parole de Dieu ? Non. Car si tu bavardes avec tes voisins, tu n’écoutes pas la Parole de Dieu. Quand la Parole de Dieu est lue (première lecture, seconde lecture, psaume et Évangile), nous devons écouter, ouvrir notre cœur, parce que c’est Dieu lui-même qui nous parle; et il ne faut pas penser à autre chose ou parler d’autre chose. Les pages de la Bible cessent d’être des écrits pour devenir une parole vivante, prononcée par Dieu. C’est Dieu qui, à travers la personne qui lit, nous parle, alors que nous écoutons. L’Esprit qui a parlé par les prophètes et a inspiré les auteurs sacrés, fait en sorte que la parole de Dieu opère vraiment dans les cœurs ce qu’elle fait retentir dans les oreilles. Mais pour écouter la Parole de Dieu, il faut aussi avoir le cœur ouvert pour recevoir cette parole dans son cœur. Dieu parle, et nous l’écoutons, pour ensuite mettre en pratique ce que nous avons entendu. Il est très important d’écouter. Parfois, nous ne comprenons pas bien car certaines lectures sont un peu difficiles, mais Dieu nous parle quand même. Silence et écoute de la Parole de Dieu. Ne l’oubliez pas. À la messe, pendant les lectures, écoutons la Parole de Dieu. Nous avons besoin de l’écouter ! C'est une question vitale, comme nous le rappelle à juste titre le Seigneur: l’homme ne vit pas seule-ment de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.
La Parole de Dieu nous donne la vie.
C’est dans ce sens que nous parlons de la liturgie de la Parole comme de la table que le Seigneur prépare pour nourrir notre vie spirituelle. C'est une table abondante que celle de la liturgie, qui puise largement dans les trésors de la Bible, que ce soit dans l’ancien ou dans le nouveau Testament, car par ceux-ci est annoncé le mystère du Christ. Je voudrais également vous rappeler l’importance du psaume, dont la fonction est de favoriser la méditation de ce que l’on vient d’entendre dans la lecture qui le précède. Il est bon que le Psaume soit mis en valeur par le chant, au moins dans le refrain. La proclamation liturgique des lectures, avec les chants tirés des Saintes Écritures, exprime et favorise la communion ecclésiale, en accompagnant le chemin de tous et de chacun. On comprend donc pourquoi certains choix subjectifs, comme l'omission de lectures ou leur remplacement par des textes non bibliques, sont interdits. Remplacer cette parole par autre chose appauvrit et compromet le dialogue entre Dieu et son peuple en prière. Au contraire, il faut la dignité de l’ambon, l’utilisation du lectionnaire, et de bons lecteurs et psalmistes. Il faut chercher de bons lecteurs ! Ceux qui savent lire, non pas ceux qui lisent en déformant les mots et font que l’on ne comprend rien. C’est ainsi. De bons lecteurs qui doivent se préparer et s’entraîner avant la messe afin de bien lire. C’est ce qui crée un climat de silence réceptif. La Parole de Dieu est une aide indispensable. Comment pourrions-nous affronter notre pèlerinage terrestre, avec ses difficultés et ses épreuves, sans être nourris et éclairés par la Parole de Dieu qui retentit dans la liturgie ? Bien sûr, il ne suffit pas seulement d’écouter avec ses oreilles mais surtout accueillir dans le cœur la semence de la Parole divine, en lui permettant de porter du fruit. Rappelons-nous la parabole du semeur et les divers résultats qu’il obtient selon le type de terrain. L’action de l’Esprit Saint, qui donne son efficacité à la Parole, a besoin de cœurs qui se laissent travailler et cultiver pour que ce que l'on écoute pendant la messe passe dans notre vie quotidienne: Mettez la Parole en pratique, ne vous contentez pas de l’écouter. La Parole de Dieu chemine en nous. Nous l’entendons avec nos oreilles et elle passe dans notre cœur; elle ne reste pas dans nos oreilles, elle doit aller au cœur; et du cœur, elle passe aux mains, aux bonnes actions. Tel est le parcours que fait la Parole de Dieu. Des oreilles au coeur et aux mains. Retenons tout cela. Merci !
François
31 janvier 2018
NOUS LUI RÉPONDONS DANS NOTRE VIE
Le dialogue entre Dieu et son peuple, développé dans la liturgie de la Parole de la messe, atteint son sommet dans la proclamation de l’Évangile. Il est précédé par le chant de l’Alléluia, ou pendant le carême, une autre acclamation, par lequel l’assemblée des fidèles accueille et salue le Seigneur qui va parler dans l’Évangile. De même que les mystères du Christ éclairent la révélation biblique, ainsi, dans la liturgie de la Parole, l’Évangile constitue la lumière pour comprendre le sens des textes bibliques qui le précède. En effet, le Christ est le centre et la plénitude de toute l’Écriture, comme de toute la célébration liturgique. Jésus Christ est toujours au centre, toujours. C’est pourquoi la liturgie elle-même distingue l’Évangile des autres lectures et l’entoure d’un honneur et d’une vénération particuliers. En effet, sa lecture est réservée au ministre ordonné, qui termine en embrassant le livre; on se met à l’écoute, debout, et on trace un signe de croix sur son front, sur sa bouche et sur sa poitrine; les cierges et l’encens honorent le Christ qui, à travers la lecture de l’Évangile, fait retentir sa parole concrète. Dans ces signes, l’assemblée reconnaît la présence du Christ qui lui adresse la bonne nouvelle qui convertit et transforme. C’est un discours direct qui a lieu, comme l’attestent les acclamations par lesquelles on répond à la proclamation: Gloire à Toi, Seigneur et Louange à toi, Seigneur Jésus. Nous nous levons pour écouter l’Évangile car c’est le Christ qui nous parle. Et c’est pourquoi nous sommes attentifs, c’est le Seigneur qui nous parle. Nous ne lisons pas l’Évangile pour savoir comment se sont passés les événements, mais nous écoutons l’Évangile pour prendre conscience de ce que Jésus a fait et dit; et cette Parole est vivante, la Parole de Jésus qui est dans l’Évangile est vivante, et arrive à mon coeur. C’est pour cela qu'écouter l’Évangile est si important, avec le coeur ouvert, parce que c’est une Parole vivante. Saint Augustin écrit que la bouche du Christ est l’Évangile. Il règne dans les cieux, mais il ne cesse de parler sur la terre. S’il est vrai que, dans la liturgie, le Christ annonce encore l’Évangile, il en découle qu’en participant à la messe, nous devons lui donner une réponse. Nous écoutons l’Évangile, et nous devons donner une réponse dans notre vie. Pour faire parvenir son message, le Christ se sert aussi de la parole du prêtre qui, après l’Évangile, pro-nonce l’homélie. Elle n’est pas un discours de circonstance, ni même une catéchèse, ni une conférence, ni même une leçon: l’homélie c’est autre chose. Qu’est-ce que l’homélie ? C’est la reprise de ce dialogue qui est déjà engagé entre le Seigneur et son peuple afin qu’il trouve son accomplissement dans la vie. L’exégèse authentique de l’Évangile c’est notre vie sainte ! La parole du Seigneur termine sa course en se faisant chair en nous, en se traduisant dans les œuvres. Souvenez-vous de ce que j’ai dit la dernière fois, la Parole du Seigneur entre par les oreilles, arrive au cœur et va dans les mains, dans les œuvres bonnes. L’homélie suit elle aussi la Parole du Seigneur, et fait aussi ce parcours pour nous aider afin que la Parole du Seigneur arrive aux mains, en passant par le cœur. J’ai traité le thème de l’homélie dans l’exhortation Evangelii Gaudium, où je rappelais que le contexte liturgique exige que la prédication oriente l’assemblée, et aussi le prédicateur, vers une communion avec le Christ dans l’Eucharistie qui transforme la vie. Celui qui prononce l’homélie doit bien accomplir son ministère, en un réel service à tous ceux qui participent à la messe. Mais ceux qui l’écoutent doivent aussi jouer leur rôle. Avant tout, en étant attentifs, c’est-à-dire en assumant les justes dispositions intérieures, sans prétentions subjectives, sachant que tout prédicateur a des qualités et des limites. Si parfois il y a des raisons de s’ennuyer parce que l’homélie est longue ou qu’elle n’est pas centrée ou qu’elle est incompréhensible, d’autre fois en revanche c’est le préjugé qui fait obstacle. Celui qui prononce l’homélie doit être conscient qu’il ne fait pas quelque chose pour lui-même, il prêche en donnant voix à Jésus, il prêche la Parole de Jésus. Et l’homélie doit être bien préparée, doit être brève. Brève ! Un prêtre me disait que son père lui avait dit: "Je suis content parce que j'ai trouvé une église où on célèbre la messe sans homélie !" Et combien de fois voyons-nous que, pendant l’homélie, certains s’endorment, d’autres bavardent ou sortent pour téléphoner… C’est pourquoi, s’il vous plaît, que l’homélie soit brève, mais qu’elle soit bien préparée. Et comment se prépare une homélie, chers prêtres, diacres et évêques ? Comment se prépare-t-elle ? Par la prière, par l’étude de la Parole de Dieu, et en faisant une synthèse claire et brève, elle ne doit pas dépasser dix minutes, s’il vous plaît. En conclusion, nous pouvons dire que dans la liturgie de la Parole, à travers l’Évangile et l’homélie, Dieu dialogue avec son peuple, qui l’écoute avec attention et vénération et, en même temps, le reconnaît présent et agissant. Si donc nous nous mettons à l’écoute de la bonne nouvelle, nous serons transformés et convertis par elle, et donc capables de nous transformer, ainsi que le monde. Pourquoi ? Parce que la Bonne Nouvelle, la Parole de Dieu entre par les oreilles, va au coeur et arrive aux mains pour réaliser des œuvres bonnes.
François
7 février 2018
DE LA PAROLE DE DIEU A LA PRIÈRE UNIVERSELLE
Poursuivons la catéchèse sur la messe. L’écoute des lectures bibliques, prolongée dans l’homélie, répond à quoi ? Elle répond à un droit. Le droit spirituel du peuple de Dieu à recevoir avec
abondance le trésor de la Parole de Dieu. En allant à la messe, chacun de nous a le droit de recevoir en abondance la Parole de Dieu bien lue, bien dite, et bien expliquée dans l’homélie. C’est
un droit ! Quand la Parole de Dieu n’est pas bien lue, n’est pas bien prêchée avec ferveur par le diacre, le prêtre ou l’évêque, on contrevient au droit des fidèles. Nous avons le droit d’écouter
la Parole de Dieu. Le Seigneur parle pour tous, pasteurs et fidèles. Il touche les cœurs de ceux qui participent à la messe, chacun dans sa condition de vie, âge, situation. Le Seigneur console,
appelle, suscite des germes de vie nouvelle et réconciliée. Et cela au moyen de sa Parole. Sa Parole touche et change les cœurs ! C’est pourquoi, après l’homélie, un temps de silence permet
d’enraciner en nous la semence reçue, afin que naisse l'adhésion à ce que l’Esprit a suggéré à chacun. Un beau silence doit se créer, et chacun doit penser à ce qu’il a entendu. Après ce silence,
comment se poursuit la messe ? La réponse personnelle de foi s’insère dans la profession de foi de l’Église, exprimée dans le Credo. Récité par toute l’assemblée, le Symbole de foi manifeste la
réponse commune à ce que l’on a écouté ensemble de la Parole de Dieu. Il y a un lien vital entre l'écoute et la foi. Elles sont unies. En effet, la foi ne naît pas de l’imagination de l'esprit
humain mais, comme le rappelle saint Paul, elle naît de ce que l'on entend, et ce que l'on entend, c'est la Parole du Christ. La foi s’alimente donc par l’écoute et conduit au sacrement de
l'Eucharistie. Ainsi, la récitation du Credo fait que l’assemblée se rappelle et professe les grands mystères de la foi avant leur célébration dans l’Eucharistie. (…)
La réponse à la Parole de Dieu accueillie avec foi s’exprime ensuite dans la supplication commune, appelée prière universelle, parce qu’elle englobe les nécessités de l’Église et du monde. Le
concile Vatican II a voulu rétablir cette prière après l’Évangile et l’homélie, en particulier le dimanche et les fêtes, afin qu’avec la participation du peuple, on fasse des supplications pour
l'Église, pour ceux qui gouvernent, pour ceux qui sont accablés par les détresses, pour tous les hommes et le salut du monde entier. C’est pourquoi, sous la direction du prêtre qui introduit et
conclut, le peuple exerçant la fonction de son sacerdoce baptismal, présente à Dieu des prières pour le salut de tous. Et après chaque intention, proposée par le diacre ou par un lecteur,
l’assemblée unit sa voix en invoquant Seigneur, écoute-nous. Rappelons-nous ce que nous a dit le Seigneur Jésus: Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous
voudrez, et vous l’aurez. À ce moment de la prière, après le Credo, c’est le moment de demander au Seigneur les choses les plus fortes, les choses dont nous avons besoin. Cela vous sera accordé.
D’une façon ou d’une autre, mais cela vous sera accordé. Tout est possible à celui qui croit, dit le Seigneur. Qu’a répondu cet homme auquel le Seigneur s’est adressé pour dire cette parole "tout
est possible à celui qui croit" ? Il a dit: Je crois Seigneur. Viens en aide à mon manque de foi. Nous aussi nous pouvons dire: Seigneur, je crois. Viens en aide à mon peu de foi. Les prétentions
de logiques mondaines, en revanche, ne décollent pas vers les cieux, tout comme les demandes autoréférentielles ne sont pas écoutées. Les intentions pour lesquelles le peuple est invité à prier
doivent exprimer les besoins concrets de l'Église et du monde, en évitant de recourir à des formules conventionnelles et myopes. La prière universelle qui conclut la liturgie de la Parole nous
exhorte à faire nôtre le regard de Dieu, qui prend soin de tous ses enfants.
UNE VIVANTE OFFRANDE À LA LOUANGE DE TA GLOIRE
La liturgie de la Parole nous mène à la liturgie eucharistique. En elle, l’Église rend présent le Sacrifice de la nouvelle alliance scellée par Jésus sur l’autel de la Croix. La croix a été le
premier autel chrétien, et quand nous nous approchons de l’autel pour célébrer la messe, notre mémoire va à l’autel de la Croix où a été accompli le premier sacrifice. Le prêtre qui, à la messe,
représente le Christ, accomplit ce que le Seigneur lui-même a fait et confié à ses disciples à la dernière Cène: il prit le pain et la coupe, rendit grâce, les donna à ses disciples en disant:
Prenez et mangez; prenez et buvez ! Ceci est mon Corps. Ceci est la coupe de mon Sang. Faites cela en mémoire de moi. Obéissant au commandement de Jésus, l’Église a organisé la liturgie
eucharistique en moments qui correspondent aux paroles et aux gestes que Jésus a accomplis la veille de sa Passion. Ainsi, dans la préparation des dons sont apportés à l’autel le pain et le vin,
c’est-à-dire les éléments que le Christ a pris dans ses mains. Dans la Prière eucharistique, nous rendons grâce à Dieu pour que l’œuvre de la rédemption et les offrandes deviennent le Corps et le
Sang de Jésus Christ. Suivent la fraction du Pain et la communion, par lesquelles nous revivons l’expérience des apôtres qui reçurent les dons eucharistiques des mains du Christ lui-même. Au
premier geste de Jésus, il prit le pain et la coupe du vin, correspond par conséquent la préparation des dons. C’est la première partie de la liturgie eucharistique. Il est bon que ce soit les
fidèles qui présentent au prêtre le pain et le vin, parce qu’ils signifient l’offrande de l’Église rassemblée pour l’Eucharistie. Il est bien que ce soit les fidèles qui apportent à l’autel le
pain et le vin, même si aujourd’hui, les fidèles n’apportent plus, comme autrefois, du pain et du vin de chez eux. (…)
Dans les signes du pain et du vin, le peuple fidèle place son offrande dans les mains du prêtre, qui la dépose sur l’autel du Seigneur, qui est le centre de toute la liturgie eucharistique. Le
centre de la messe est donc l’autel, et l’autel est le Christ ! Il faut toujours regarder l’autel qui est le centre de la messe. Dans le fruit de la terre et du travail des hommes est offert
l’engagement des fidèles à faire d’eux-mêmes une offrande à Dieu le Père, pour le bien de l'Église. Ainsi, la vie des fidèles, leur souffrance, leur prière, leur travail, sont unis à ceux du
Christ et à son offrande, et de cette manière ils acquièrent une valeur nouvelle. Certes, notre offrande est peu de chose, mais le Christ a besoin de ce peu de chose. Il nous demande peu, le
Seigneur. Il nous demande, dans la vie ordinaire, de la bonne volonté; il nous demande un cœur ouvert; il nous demande la volonté d’être meilleurs pour l’accueillir, lui qui s’offre à nous dans
l’Eucharistie; il nous demande ces offrandes symboliques qui deviendront ensuite son Corps et son Sang. Une image de ce mouvement d'offrande est représentée par l’encens qui, consumé dans le feu,
libère une fumée parfumée qui s’élève vers le ciel. Encenser les offrandes, comme on le fait les jours de fête, encenser la croix, l’autel, le prêtre et le peuple manifeste visiblement le lien
d'offrande qui unit toutes ces réalités au sacrifice du Christ. N’oubliez pas: il y a l’autel qui est le Christ, mais toujours en référence au premier autel de la Croix, et sur l’autel qui est le
Christ, nous apportons le peu de chose que sont nos dons, le pain et le vin qui deviendront beaucoup: Jésus Christ lui-même qui se donne à nous. C'est ce qu’exprime la prière sur les offrandes.
Par elle, le prêtre demande à Dieu d’accepter les dons que l’Église lui offre, en invoquant le fruit de l’admirable échange entre notre pauvreté et sa richesse. Dans le pain et le vin, nous lui
présentons l’offrande de notre vie, afin qu’elle soit transformée par l’Esprit Saint dans le sacrifice du Christ, et devienne en Lui une seule offrande spirituelle. Tandis que se conclut ainsi la
préparation des dons, on se dispose à la prière eucharistique. Que la spiritualité du don de soi, que nous enseigne ce moment de la messe, puisse illuminer nos journées, nos relations avec les
autres, les choses que nous faisons, les souffrances que nous rencontrons, en nous aidant à construire la cité terrestre à la lumière de l’Évangile.
François
7 février 2018
RIEN QUE
J’ai enlevé beaucoup de choses inutiles de ma vie
et Dieu s’est rapproché pour voir ce qui se passait.
Christian Bobin
De tout temps, les sages ont encouragé la pratique régulière du rien que: rien que manger, rien que marcher, rien que lire, rien que conduire, rien qu’écouter, rien qu’être présent au monde… Malgré les apparences, le rien que est difficile: nous avons souvent la tentation de faire plusieurs choses en même temps: manger en lisant, conduire en téléphonant, ou attendre en nous impatientant… Ou encore faire quelque chose en pensant à autre chose: prendre sa douche en réfléchissant à sa journée de travail, être à table en famille en songeant à ses soucis… Du coup, on fait tout en pleine absence et non en pleine conscience ! On se fatigue, on commet des erreurs, des oublis. On ne se respecte pas, on ne respecte pas autrui. On n’est pas présent à sa vie. Saisissons l’occasion de nous recentrer et de faire l’effort de mieux habiter nos journées. Cet effort est utile d’abord parce qu’il est bon pour la santé de notre esprit et de notre corps. Mais aussi parce que cela représente une manière simple et forte de se rapprocher de sa foi. C’est Maître Eckart qui écrivait: "Dieu nous rend souvent visite, mais la plupart du temps, nous ne sommes pas chez nous". Il n’est pas de vie spirituelle dans la dispersion, et cette dispersion de nos esprits est l’une des menaces de notre vie moderne, marquée par la numérisation, l’accélération, la multiplicité des sollicitations, et les incitations à faire plusieurs choses en même temps. Voilà pourquoi pratiquer régulièrement l’exercice du rien que est une expérience intéressante. Quoi que nous fassions, quoi que nous vivions, faisons-le pleinement. Rendons-nous le plus souvent possible présents à chaque instant, à chaque action. Qu’il s’agisse de faire la vaisselle, de sortir la poubelle, de jardiner, d’écouter un ami, de lire une histoire à un enfant…. de notre mieux, ne faisons que cela. Et n’oublions pas non plus le rien que ne rien faire ! En attendant quelqu’un pour un rendez-vous, dans les transports, entre deux activités, prenons le temps de ne rien faire (surtout pas d’écran pour polluer ces moments !) c’est-à-dire: rien que nous sentir vivants ! Il ne s’agit pas de se contraindre à l’excès: parfois, il est légitime de fonctionner en mode "multitâche", car la vie nous bouscule et ne nous laisse pas le choix; parfois aussi, l’accélération, la dispersion et l’agitation peuvent nous sembler agréables sur le moment, car excitantes, et nous donnant un sentiment de force et de vitalité. Mais ce fonctionnement en surrégime, comme on le dit pour des moteurs, n’est pas une bonne chose. S’il est prolongé, voire permanent, il est mauvais pour nos corps (c’est tout simplement du surmenage) comme pour nos esprits: nulle vie intérieure n’est possible dans la précipitation et l’accumulation des actes. Nulle présence attentive et généreuse à autrui, nul don de soi n’est possible dans la superficialité. Et nulle prière non plus.
PARDONNER
Pardonne aux autres, non parce qu’ils méritent le pardon,
mais parce que toi tu mérites la paix.
Proverbe indien
Alors qu’il était en train de se réjouir sur la pelouse, juste après la finale de la coupe du monde de football gagnée par la France en 1998, Aimé Jacquet, entraîneur de l’équipe, fut interrogé à chaud par un journaliste de télévision. Ce dernier lui posa la question de savoir s’il avait pardonné aux journalistes du journal l’Équipe, qui avaient toujours douté de ses capacités. Son visage heureux se transforma soudainement, et un rictus de haine déforma brièvement ses traits: Ils m’ont pris pour un petit ajusteur… Parce qu’ils maîtrisent la langue, ils se sont crus tout permis… Je ne leur pardonnerai jamais. Jamais ! Et il tourna le dos aux caméras, rejoignant la liesse et ses joueurs. L’image m’avait beaucoup impressionné à l’époque: comment l’immense bonheur de la victoire n’avait-il pu effacer le ressentiment ? Le pardon est présent au cœur de toutes les grandes religions. Pour les chrétiens, il est, d’une part, ce qui atteste de la puissance divine (Dieu seul peut décider de nous pardonner nos péchés) et il est, d’autre part, cet effort que nous devons conduire (car Dieu nous le demande) pour pardonner les offenses reçues de nos semblables. Mais au-delà de l’acte de foi, le pardon est aussi l’un des efforts psychologiques parmi les plus difficiles que nous ayons à accomplir dans une vie humaine. Il est pourtant une libération, et une élévation. Une libération d’abord, car le pardon, c’est le choix que fait une personne blessée de renoncer au ressentiment et à la vengeance, envers son agresseur, il ne s’agit ni d’effacer, ni de banaliser ce qui s’est passé: pardonner, c’est décider de s’en libérer pour ne plus en souffrir. Car le ressentiment et le désir de vengeance sont une douleur supplémentaire pour qui a du mal à pardonner: l’agression ou l’offense n’arrivent alors pas à devenir souffrance passée, mais restent souffrance actuelle. Ainsi, paradoxalement, le pardon est d’abord un acte de bienveillance envers soi-même. Avant de l’être éventuellement pour qui nous a agressé, et le libérer à son tour (s’il y a lieu) du poids du remords et de la culpabilité. Libération, le pardon est également une élévation. Élévation nécessaire, au-dessus des réflexes -compréhensibles- de ressentiment ou de vengeance, car nos idéaux et nos espérances ont été blessés, eux aussi; notre foi, peut-être aussi ? Les blessures reçues portent sur notre personne, corps et esprit, mais également sur notre vision du monde. Il est alors aussi douloureux que nécessaire d’examiner nos valeurs meurtries, de ne pas céder à la tentation de renoncer à nos idéaux, de ne pas tomber dans le cynisme ou le désespoir. Même si nous avons été blessés, la vie garde encore un sens, et la plupart des humains restent nos frères et sœurs. C’est pourquoi le pardon est une élévation: il exige de nous que nous nous haussions au-dessus de la facilité qu’il y aurait à renoncer d’aimer le genre humain (entre les méchants qui nous ont fait du mal, les indifférents qui laissent faire, et les égoïstes qui ne nous viennent pas en aide). Un idéal, c’est quelque chose qui n’existe pas encore, ou pas complétement, ou pas parfaitement; mais que nous nous attachons à faire advenir ici-bas, de notre mieux. Dans le pardon, ce sont les idéaux de fraternité et d’espérance qui sont menacés. Protégeons-les, ils sont précieux, pour nous et pour les autres. Le pardon est difficile. Ce qui est facile, c’est de ne pas pardonner. Mais pour difficile qu’il soit, ce cheminement est aussi fécond, et transforme profondément la personne qui pardonne.
UN BONHEUR RENOUVELÉ
Le bonheur n’est pas le but mais le moyen de la vie, écrivait Paul Claudel. Ainsi, le bonheur n’est pas, ou pas seulement, un simple objectif existentiel, mais avant tout une ressource: une force pour affronter les adversités d’une vie humaine, et une intelligence pour en savourer les beautés. Nos capacités au bonheur se trouvent-elles accrues après le temps du carême ? Oui, si l’on réfléchit attentivement aux trois piliers qui constituent ce dernier -jeûne, don et prière-, tous trois de nature à profondément enrichir notre bonheur.
Le jeûne, dont nous avons vu qu’il n’était pas une simple privation (de nourriture, d’alcool, de sucre, de temps d’écran…), mais une clarification de nos habitudes. Il nous permet de mieux comprendre comment certaines dépendances ont pu s’installer en nous, alors qu’elles ne correspondent ni à des besoins fondamentaux, ni à des aspirations spirituelles. Et de mieux comprendre ce dont nous avons vraiment besoin, ce qui nous nourrit véritablement. C’est ce que racontent toutes les personnes qui ont vécu un jeûne radical sur plusieurs jours. On découvre que la sensation de faim n’est pas si compliquée à surmonter. Mais surtout qu’ensuite, on savoure beaucoup mieux le goût des aliments, et qu’on sait mieux ce qu’est la faim, parce qu’on s’est débarrassé de toutes ses fausses faims (manger parce que c’est l’heure, parce que ça sent bon, parce qu’on ne se sent pas en forme…). Le carême a pu nous aider à choisir nos sources de bonheur: acheter et consommer, ou savourer et partager ? Facilité ou exigence ?
Le don, second pilier du carême, a été l’objet de nombreuses études scientifiques, qui aboutissent toutes aux mêmes conclusions: donner rend
heureux, tout simplement. Cette vérité, qui échappe aux égoïstes inquiets, est une évidence pour les chercheurs et les altruistes. Et fonctionne d’ailleurs à double sens: se sentir heureux
augmente aussi la tendance à aider, à donner, à partager, à se rapprocher d’autrui. Enfin, les théories de la neuroplasticité nous disent ceci: plus nous pratiquons un comportement, plus il a
tendance à s’installer dans une durée. Avoir fait l’effort de donner davantage durant le carême va laisser une trace en nous, et nous aider à donner encore plus facilement et joyeusement à
l’avenir. Et donc nous rendre plus profondément et authentiquement heureux.
La prière, troisième pilier du carême, a également été étudiée dans ses rapports avec le bien-être psychologique: prier fait du bien à nos esprits et à nos corps. Bien
évidemment, on ne prie pas pour cela, la prière est d’abord un acte de foi. Mais il est réconfortant et touchant de savoir, au-delà du lien qu’elle nous permet d’établir avec notre Dieu, combien
elle nous est bénéfique. Parce qu’elle apaise nos angoisses, parce qu’elle donne sens à nos souffrances, parce qu’elle nous aide à ouvrir les yeux sur les grâces du quotidien, parce qu’elle nous
amène à cultiver l’espérance et la gratitude, la prière nous apporte davantage de bonheur, et un bonheur d’une qualité profonde, loin de toute forme de matérialisme ou d’égoïsme, mais ouvert sur
l’humain, l’infini, et le divin.
On parle parfois en psychologie de rémanence pour décrire la persistance de phénomènes dont les causes se sont interrompues. Il existe clairement un effet de rémanence aux efforts de carême:
outre la persistance des habitudes modifiées et retrouvées, figure le renouveau de nos capacités au bonheur. Ainsi, le temps du carême a pu nous aider non seulement à mieux vivre notre foi, mais
aussi à mieux vivre notre vie. Qui s’en plaindra ?
d'après Christophe André - La vie - mars 2018
Les scouts s'engagent à accomplir quotidiennement des bonnes actions. Se rappeler qu'une bonne action est un geste tout simple, il n'est pas nécessaire de chercher quelque chose de compliqué. Voici une liste trouvée sur toujourspret.com ! On peut penser ce qu'on voudra mais, tout de même, si nous faisons tous ces cent bonnes actions au quotidien, l'ambiance sur terre sera sacrément modifiée.
- Se proposer comme volontaire quand personne ne veut le faire
- Accueillir avec le sourire celui qui vient demander (encore) un service
- Réconcilier deux personnes après une dispute
- Prêter ses affaires avec le sourire
- Visiter des malades ou des personnes âgées
- Aider un handicapé en fauteuil à franchir des marches
- Mettre en valeur les qualités de quelqu'un qui vient d'être critiqué
- Ranger la cuisine, après le repas
- Vérifier (et mettre, si besoin est) le papier dans les toilettes
- Rendre ce qu'on nous a prêté (dans un meilleur état qu'avant)
- Retirer la poussière oubliée sur un meuble
- Prendre le paillasson de l'entrée pour aller le secouer dehors
- Nettoyer les traces de doigts près de la poignée des portes
- Ramasser un papier jeté à terre
- Remercier en souriant le chauffeur du bus (qu'on ne reprendra pas)
- Décrocher des toiles d'araignées
- Fermer en hiver une porte qui donne sur l'extérieur
- Effacer des inscriptions obscènes sur un mur
- En hiver, donner à manger aux oiseaux
- Utiliser les poubelles de recyclage
- Ramasser les miettes sur la table
- Mettre le couvert avant qu'on s'en aperçoive
- Préparer un petit déjeuner avant que tout le monde se lève
- Se lever pour faire le service de table
- Débarrasser et nettoyer sa place après le repas
- Proposer son service gratuitement
- Écrire à quelqu'un qui est seul
- Remercier quelqu'un qui fait le ménage d'un lieu public
- Raccrocher les vêtements tombés du portemanteau
- Laver les sanitaires, surtout s'ils sont communs
- Réussir à faire plaisir à quelqu'un qui nous en veut
- Remonter les poubelles vides qui étaient sur la rue
- Économiser, et puis reverser à un organisme caritatif
- Ramasser un mouchoir en papier jeté dans une pièce
- Changer une ampoule qui ne fonctionne plus
- Faire patienter un énervé
- Pousser dans le caniveau une crotte de chien
- Se resservir de choses trop vites jetées par d'autres
- Aider une poussette à franchir des marches d'escalier
- Arriver à faire sourire quelqu'un qui est fatigué
- Monter les bagages dans le train de quelqu'un qui peine
- Inviter à jouer un camarade délaissé
- Empêcher une tricherie au jeu, à l'école, au travail…
- Saluer aimablement le fonctionnaire qui nous reçoit
- Chercher une éponge quand de l'eau a été renversée
- Amener un camarade à retrouver la voie des sacrements
- Offrir de l'eau à un marcheur
- Ramasser le papier abandonné dans l'herbe
- Mettre à sa place ce qui a été déplacé, même dans un magasin
- Revenir discrètement pour ranger une salle de réunion
- Offrir sa place assise dans les transports en commun
- Mettre une carte sous la porte de la voisine pour une fête
- Ranger des affaires qui ont été entassées dans un coin
- Ramasser à terre les bouts de verre
- Se proposer pour guider une personne perdue devant un plan de ville
- Soigner particulièrement ce qui est à l'usage commun
- Placer en secret une fleur sur la table de sa mère
- Couper du lierre qui étouffe un arbre
- Fermer un robinet (une chasse d'eau) qui coule
- Cirer les chaussures d'autrui en cachette
- Donner de son temps quand on est pressé
- Partager sa collation avec un camarade qu'on n'aime pas
- Offrir un pourboire à un balayeur dans la rue
- Arroser une plante verte et épousseter ses feuilles
- Faire discrètement le lit de quelqu'un qui a négligé de le faire
- Éteindre une lampe allumée dans une pièce vide
- S'interposer pour protéger quelqu'un de plus faible
- Réorienter une discussion qui tourne vers le mal
- Rincer les serpillières
- Descendre aider à décharger la voiture au retour des courses
- Laver la gamelle du chien (ou du chat)
- Recoudre une affaire déchirée
- Faire une offrande de messe pour les personnes oubliées
- Aspirer les miettes dans une voiture
- Céder sa priorité avec le sourire quand on est au volant
- Laver discrètement un pare-brise (sans rien demander)
- Écarter de la route un escargot (un hérisson) qui se ferait écraser
- S'arrêter en voiture (ou vélo) pour laisser traverser un piéton
- Prier pour quelqu'un qui vous a fait du mal
- Offrir à un enfant de quoi mettre un cierge à l'église
- Aller fleurir et se recueillir sur une tombe inconnue
- Fleurir une statue ou un oratoire
- Ranger les livres de chants restés sur les bancs de l'église
- Entraîner un autre dans une bonne action
- S'occuper de quelqu'un qui a le cafard
- Réconcilier deux personnes après une dispute
- Aider quelqu'un qui va être en retard au travail
- Ralentir pendant la marche pour rester avec celui qui est fatigué
- Sourire aux personnes qui nous refusent un service
- Recouvrir le livre qui commence à s'abîmer
- Faire un service avant qu'on le demande
- Partager ce qu'on aime bien
- Fermer le sac poubelle avant qu'il ne déborde, et le changer
- Répondre par un sourire à qui vous a fait du mal
- Dire bonjour aux gens qu'on croise dans la rue
- S'interposer pour protéger un petit
- Laver les torchons de vaisselle et les serviettes
- Prier pour les gens qui se sont moqué de vous
- Répondre comme un muet à celui qui parle pendant la messe
- Aller prier devant le monument aux morts
Merci à Christophe André
de nous avoir rappelé tout cela dans son ouvrage
"Et n'oublie pas d'être heureux"
Éditons Odile Jacob
Agence Fides 21 octobre 2018
extraits
Population mondiale
La population mondiale dépasse les 7 400 000 000 de personnes, avec une augmentation de plus de 103 000 000 par rapport à 2015. L’augmentation totale concerne tous les continents, y compris l’Europe, qui voit sa population s’accroître après la diminution des années précédentes. Les augmentations les plus consistantes concernent :
l’Asie (+ 49 767 000) et l’Afrique (+ 42 898 000), suivies par l’Amérique (+ 8 519 000), l’Europe (+ 1 307 000) et l’Océanie (+ 857 000).
Nombre de catholiques
Le nombre de catholiques est de 1 299 059 000, avec une augmentation totale de :
14 249 000 baptisés. L’augmentation concerne tous les continents à l’exception, pour la troisième année consécutive, de l’Europe (- 240 000). En Afrique (+ 6 265 000), en Amérique (+ 6 023 000), suivis par l’Asie (+ 1 956 000) et l’Océanie (+ 245 000).
Le pourcentage des catholiques a diminué de 0,05 %, arrivant à 17,67 % de la population mondiale.
S’agissant des continents, on enregistre des augmentations en Amérique (+ 0,06 %), en Asie (+ 0,01 %) et en Océanie (+ 0,02 %) et des diminutions en Afrique (- 0,18 %) et en Europe (- 0,11 %).
Habitants par prêtre
Le nombre d’habitants par prêtre a globalement augmenté, atteignant le total de 14 336.
Répartition par continent : Afrique (+ 271), Amérique (+ 108), Europe (+ 66), Océanie (+ 181). La seule diminution concerne l’Asie (- 264).
Évêques
Le nombre total des Évêques dans le monde a augmenté de 49 unités atteignant un total de 5 353.
Prêtres
Le nombre total des prêtres dans le monde a diminué, cette année encore, atteignant le chiffre de 414 969 (- 687). Le continent où l’on constate une diminution est une nouvelle fois l’Europe (- 2 583), auquel s’ajoute cette année l’Amérique (- 589). Les augmentations concernent l’Afrique (+ 1 181) et l’Asie (+ 1 304), l’Océanie demeurant stable. Le nombre des prêtres diocésains a augmenté globalement de 317, atteignant le chiffre de 281 831, avec une seule diminution, cette année encore, l’Europe (- 1 611). Les augmentations concernent l’Afrique (+ 983), l’Amérique (+ 180), l’Asie (+ 744) et l’Océanie (+ 21).
Le nombre des religieux prêtres a diminué de 1 004 unités, soit le triple de l’année précédente, pour s’établir à 133 138. Consolidant la tendance, leur nombre augmente en Afrique (+ 198), en Asie (+ 560) mais diminue en Amérique (- 769), en Europe (- 972), en Océanie (- 21).
Diacres permanents
Le nombre des diacres permanents dans le monde a augmenté de 1 057 et arrive au total de 46 312. L’augmentation la plus forte concerne encore l’Amérique (+ 842), suivie par l’Europe (+ 145), l’Océanie (+ 45), l’Afrique (+ 22), l’Asie (+ 3).
Religieux et religieuses
Le nombre des religieux non prêtres a diminué pour la quatrième année et arrive à un total de 52 625. Les diminutions, plus consistantes que l'année précédente, s'enregistrent partout dans le monde, en Afrique (- 50), en Asie (- 373), en Amérique (- 503), en Europe (- 614) et en Océanie (- 64). Se confirme également la diminution globale du nombre des religieuses. Les religieuses sont au nombre de 659 445. Les augmentations concernent l'Afrique (+ 943) et l'Asie (+ 533) et les diminutions sont en Amérique (- 3 775), en Europe
(- 8 370) et en Océanie (- 216).
Le nombre des membres des Instituts séculiers féminins a diminué pour un total de 22 400 membres. Il augmente en Afrique (+ 113), alors qu'il diminue en Amérique (- 33), en Asie
(- 35), en Europe (- 502) et en Océanie (- 2).
Missionnaires laïcs et catéchistes
Le nombre des missionnaires laïcs est de 354 743, soit une augmentation de 2 946, particulièrement sensible en Amérique (+ 4 728) et en Afrique (+ 759). Leur nombre diminue en revanche en Asie (- 1 565), en Europe (- 921) et en Océanie (- 55).
Le nombre des catéchistes a diminué: 3 086 289. La seule augmentation est en Afrique
(+ 10 669) alors qu’il diminue en Amérique (- 20 407) en Asie (- 12 896), en Europe
(- 13 417) et en Océanie (- 313).
Grands séminaristes
Le nombre des grands séminaristes diocésains : 71 117 (+ 999).
Pour les séminaristes, l’augmentation concerne l’Afrique (+ 1 059), l’Amérique (+ 16) et l’Asie (+ 310), la diminution est en Europe (- 381) et en Océanie (- 5).
Instituts d’instruction et d’éducation
Dans les domaines de l’instruction et de l’éducation, l’Église gère de par le monde 72 826 écoles maternelles pour un total de 7 313 370 élèves; 96 573 écoles primaires pour
35 125 124 élèves et 47 862 établissements d’enseignement secondaire pour un total de 19 956 347 élèves. Elle suit 2 509 457 jeunes d’écoles supérieures et 3 049 548 étudiants.
Instituts sanitaires, de bienfaisance et d’assistance
Les instituts de bienfaisance et d’assistance gérés par l’Église dans le monde comprennent 5 287 hôpitaux avec une présence plus importante en Amérique (1 530) et en Afrique
(1 321); 15 937 dispensaires pour la plus grande partie en Afrique (5 177), en Amérique
(4 430) et en Asie (3 300); 610 léproseries principalement en Asie (352) et en Afrique (192);
15 722 maisons de retraite pour personnes âgées, malades chroniques et handicapés, pour la plus grande partie en Europe (8 127) et en Amérique (3 763); 9 552 orphelinats dont la majeure partie en Asie (3 660); 11 758 jardins d’enfants dont la majeure partie en Amérique (3 191) et en Asie (3 295); 13 897 dispensaires de consultations matrimoniales, en grande partie en Europe (5 664) et en Amérique (4 984); 3 506 centres d’éducation ou de rééducation sociale et 35 746 institutions d’un autre genre.
On rêve de communauté
où chacun serait le tout de l'autre. Non pas comme des pommes sur le pommier où chacune est pour soi et le soleil pour tous. Ni comme des fruits dans une même corbeille, il y a certes diversité,
mais juxtaposée. Alors, on invente la communauté passée dans la moulinette. Tout y passe: la peau, le fruit et les pépins. Il en sort un jus uniforme plein de vitamines. Mais chacun y a perdu sa
personnalité. Une solution meilleure ?
La salade de fruits.
Chacun reste lui-même: poire, pomme, banane, ananas… Et chacun bénéficie du goût propre de l'autre. Mais à une condition: accepter évangéliquement d'être coupé en quatre, en dix ou douze morceaux
surtout si l'on est un beau et gros fruit. Seuls les humbles restent entiers: une cerise, un grain de raisin, une groseille.
D'après Jacques Loew, cité par Guy Gilbert, Mes plus belles prières, éditions Philippe Rey.
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